CHAPITRE 10 - Naissance du fils de Marie : Jésus

C’est alors que fut annoncé l’édit de l’empereur César-Auguste ordonnant le recensement de tous les sujets de son immense empire. Joseph en fut très contrarié car la grossesse de Marie était très avancée, mais celle-ci, très savante dans les écritures et sachant que son fils, le Messie, devait naître à Bethléem, s’employa avec l’aide du Très Haut à le convaincre de faire ce voyage.

Joseph trouva un petit ange pour éviter à Marie la fatigue du chemin et c’est muni de quelques provisions et du petit bagage qui contenait les langes et la pièce de tissu, qu’ils se mirent en route, en plein cœur de l’hiver.

Le voyage dura 5 jours ; pauvre équipage aux yeux des autres voyageurs, Marie pouvait voir marcher avec eux, sous des formes humaines, une escale de dix mille anges, désignés par le Seigneur pour les accompagner. Joseph pouvait aussi les voir, mais la nuit seulement. Mal accueillis, vu leur apparente pauvreté, ils ne trouvaient pas de place dans les auberges surchargées de voyageurs, mais les Anges leur ménageaient des abris de fortunes où ils pouvaient se reposer en toute sécurité.

Arrivés à Bethléem à la tombée de la nuit, au soir du 5ème jour, Joseph et Marie ne trouvèrent nulle part à se loger. Mais parmi les 50 maisons approchées se trouvait celle où était le recensement. Joseph se fit donc inscrire et paya le tribut à César.
Finalement, c’est dans une très humble grotte, en dehors de la ville, qu’ils trouvèrent refuge. C’est entre une double haie d’Anges très lumineux qu’ils y entrèrent. Et c’est avec leur aide que Joseph rendit l’endroit très propre et parfumé. Après avoir pris quelques provisions, Marie se mit en prières et sentant que la naissance était proche, elle pria son époux de lui aménager une sorte de crèche et lui demanda de se retirer et de prendre le repos dont il avait si grand besoin.  Quand la minuit arriva, il dormait d’un profond sommeil.
« A l’heure de minuit, c’est à genoux dans la crèche que Marie donna au monde le Fils Unique du Père et le sien, sans aucune des douleurs qui accompagnent cette action chez les filles d’Eve et sans cette membrane appelée “secondine” qui enveloppe les autres enfants dans le sein de leur mère et qui les embarrasse à la naissance. [...] Les deux Princes, St Michel et St Gabriel, qui assistaient à ce mystère sous une forme humaine et corporelle, reçurent le Divin Enfant entre leurs mains, à une distance convenable et avec une vénération sans égale…»[1]

 Il est impossible de relater ici les actions de grâce de Marie, du Très Haut, et aussi de l’Enfant car Marie d’Agréda y consacre 12 pages. Notons celles des Anges qui dans un magnifique concert, chantèrent : « Gloria in excelsis Déo [...] » ravis des nouvelles merveilles qu’ils voyaient se réaliser et enchantés par la grâce, l’humilité et la beauté resplendissante d’une jeune fille de 15 ans [...] »

Les deux archanges ayant déposé leur précieux fardeau dans les bras de Marie, il devenait nécessaire que Joseph fut le premier mortel à lui rendre grâce, tandis qu’un bœuf, venu de nulle part, vint se placer auprès du petit âne, afin que soit réalisée la prophétie d’Isaïe.(1-3)
Après avoir emmailloté l’Enfant dans les langes apportés par Joseph, Marie le coucha dans la crèche avec de la paille et du foin, comme l’a écrit St Luc (II-7).

Le Très Haut envoya ses Anges annoncer la grande nouvelle à Elisabeth et aussi aux Rois Mages ainsi qu’aux Justes dans les Limbes. C’est cette nuit-là que fut formée l’étoile qui devait guider les Rois Mages. C’est à l’archange Gabriel, en forme humaine et tout resplendissant de lumière, que fut confié le soin de réveiller les bergers qui sommeillaient près de leurs troupeaux.

Quelques temps après, un prêtre[2] de Bethléem vint à la grotte de la nativité procéder à la circoncision de Jésus. Surpris par la pauvreté des lieux, il fut touché par une grâce secrète et, sans en connaitre la cause, il fut rempli d’une grande dévotion et d’une tendresse pour la mère et l’enfant.

Marie recueillit précieusement dans un linge le petit bout de chair et le sang versé. Ceci se passait dix jours après la nativité. Avertie par les Anges de la venue des Mages, elle s’opposa au désir de Joseph d’aller habiter chez une sainte personne de Bethléem, au courant de leur grande misère, car la visite des Rois devait se faire dans l’étable.
L’étoile guida les Rois Mages jusqu’à Jérusalem et disparut. Hérode les reçut et fut très étonné par leur discours. Les savants, consultés, désignèrent Bethléem selon les prophéties comme lieu de naissance du Messie. La suite est connue. L’étoile réapparut à la sortie de Jérusalem et guida les trois Mages et leur suite jusqu’à l’étable. Mais eux seuls y pénétrèrent pour y adorer Jésus. Le Très Haut permit que les Saints Anges qui entouraient la crèche leur soient visibles. [...]

Ils revinrent très tôt le lendemain offrir leur présents et l’étoile les guida de nouveau, mais en évitant Jérusalem, afin d’éviter de revoir Hérode. [...]

Joseph alla déposer secrètement l’encens et la myrrhe, ainsi qu’une partie de l’or au Temple de Jérusalem. Le reste de l’or fut divisé en 3 parts : une pour le prêtre qui avait circoncis Jésus, une autre pour les pauvres et enfin la dernière pour la pauvre veuve qui les ayant visité leur avait offert l’hospitalité dans sa maison, non loin de la grotte à l’entrée de Bethléem, où ils allèrent habiter.

Bien qu’elle n’en avait nullement besoin, Marie voulut se conformer à la loi de la Purification, 40 jours après son accouchement et aussi à celle de la consécration au Très Haut du fils 1er né. C’est pourquoi la Sainte Famille se rendit à Jérusalem, Marie et l’enfant sur le petit âne, après avoir revu encore une fois la grotte de la Nativité et fait leurs adieux à leur charitable logeuse.
Prévenu en songe, le Saint prêtre Siméon, celui-là même qui avait accueilli Marie à son entrée au Temple à trois ans, envoya un notable à leur rencontre, qui les pria de s’installer dans sa maison. Joie de Marie. Le lendemain eurent lieu les cérémonies au Temple. Marie d’Agréda y consacre une dizaine de pages car Siméon et la prophétesse Anne avaient été instruits de la vie et de la mort qui attendaient cet Enfant.

Marie pensait rester 9 jours à Jérusalem en souvenir des 9 jours qu’avaient précédé l’Incarnation de Jésus, mais dans la nuit du 5^ème jour, un Ange apparut en songe à Joseph et lui dit : « Prends l’enfant et sa Mère et fuis en Egypte. ». Ce qui fut fait à la minuit.
Il était temps, car Hérode avait envoyé ses gens à la recherche de ceux-là que les Rois Mages avaient visités ; Sans succès. C’est pourquoi, environ 6 mois après la naissance de Jésus, il ordonna sa milice d’égorger tous les enfants de moins de deux ans. Comme cette folie meurtrière s’étendait aux environs, Elisabeth, devenue veuve, quitta sa maison et se retira avec son petit Jean dans un lieu écarté et sans confort où ils demeurèrent trois ans, jusqu’à la mort d’Elisabeth.

Le Très Haut, cédant aux supplications de Marie, accorda à tous les enfants victimes d’Hérode la gloire des martyrs, les faisant accéder ainsi à une vie bien supérieure et plus heureuse que celle qu’ils auraient eue sur terre, tous n’ayant d’ailleurs pu, peut-être, être sauvés.

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[1] p 319

[2] Marie d’Agréda emploie ce mot au lieu de Rabin, mais elle écrit sous la dictée de la Vierge.